LE PROTOCOLE DE SEMANCE
On ne saurait surestimer le degré de nuisance représenté par la présence des limaces dans nos jardins et potagers. Pour quiconque s’intéresse au jardinage ou à l’horticulture,elles/ils (les limaces sont hermaphrodites…) sont tout simplement « l’ennemi public n° 1 ». Est-ce qu’un potager infesté de limaces ou d’escargots n’est pas un potager qui vit dangereusement, un potager en sursis? Hélas, l’expérience nous montre que c’est bienle cas! Mais, au fond, pourquoi ces bestioles, par ailleurs si utiles à plus d’un titre dansl’écosystème, en sont-elles venues à susciter tant de rejet et d’animadversion? D’abord,il y a leur nombre et le caractère massif de leurs « attaques »; ensuite, il y a la constancede ces attaques, qui finissent par mettre en échec toutes les parades auxquelles on arecours et par décourager jusqu’aux plus endurcis. Il existe des endroits en Belgique où l’on n’a jamais vu une limace (certains endroits en Campine, notamment). S’il est vrai que la nature du sol, qui y est plutôt acide et sablonneuse, peut expliquer marginalement le phénomène, on aurait tort d’y voir sa seule explication.
La présence excessive et tenace des gastéropodes dans les jardins et potagers, de ville en particulier, est à considérer plutôt comme un marqueur sensibled’une situation de « stress oxydatif » pesant sur le sol: ainsi, plus le sol serait pollué, plusce marqueur aurait tendance à s’exprimer. On est tenté de hasarder, à partir de là, l’énonciation suivante: les gastéropodes ne font que répondre à l’appel d’un sol abîmé, y accourant afin d’accomplir des tâches de rééquilibrage et de métabolisation que la situation dégradée de ce sol requerrait d’eux.
L'équilibre naturel
S’évertuer à lutter chimiquement, manuellement ou mécaniquement contre la présence des limaces est une entreprise vouée à l’échec et, avec l’échec, au découragement, voire au renoncement. Il est évident que tant qu’on n’a pas réalisé que les gastéropodes « n’y peuvent rien », que leur présence n’est que trop explicable, qu’ils ne peuvent que proliférer dans des sols pollués et dégradés en termes microbiologiques, on n’aura aucune chance de cultiver sereinement et avec bonheur ses lopins: limaces et escargots y resteront une menacecontinuelle qui plombera obstinément les enthousiasmes de cultivateurs jusqu’à la fin des temps.
C’est en prenant appui sur ces réflexions que nous avons retenu l’hypothèse qu’un sol en bon état, suffisamment dépollué et présentant une situation microbiologique équilibrée, riche et vivante, ne suscite pas la présence (massive) des gastéropodes, ces hôtes encombrants dont il n’aurait alors aucune utilité. Si de surcroît ce sol se trouvait en état de sursaturation en anti-oxydants, qui ont la faculté d’empêcher l’éclosion des oeufs des limaces et des escargots, ces derniers verraient rapidement leur capacité de reproduction sérieusement compromise, pour ne pas dire réduite à néant, et ce sol en serait débarrassé en l’espace d’une saison. C’est rassurés par les résultats concluants obtenus lors d’une expérience pilote sur les limaces, menée en 2022 par notre association, Semance, que nous nous hasardons à avancer une telle hypothèse et à préconiser une telle solution.
L'expérience
Dans le cadre de son hypothèse de travail, Semance a voulu tester l’utilité des micro-organismes efficaces comme moyen de contrôle de ces indésirables. Une expérience pilote a été lancée dès le mois de janvier de cette année dans les divers terrains, à Bruxelles et alentours, dont l’association s’occupe, et en particulier dans celui de la Ferme Rose. Le protocole de contrôle permanent des gastéropodes appliqué par Semance s’appuie sur l’idée qu’un certain état du sol agit comme « facteur facilitateur » dans la prolifération effrénée des limaces et des escargots. Au bout de six mois, les résultats sont éloquents: l’état du sol semble bel et bien être la clé de la présence surabondante et fâcheuse des limaces et des escargots dans nos espaces de culture jardinière et horticole. C’est fin janvier 2022 que l’équipe de la Ferme Rose a débuté son opération « contrôle des limaces par les EM » au moyen d’arrosages hebdomadaires du terrain avec une solution aux EM dosée à 4%.
Notre objectif consistait à mettre en échec le cycle de reproduction des limaces en sursaturant le sol d’anti-oxydants et en intervenant par voie de conséquence sur le pH de celui-ci. Ces arrosages ont concerné essentiellement les bordures et tous les endroits privilégiés par les limaces pour la ponte de leurs œufs, endroits qui, comme on le sait, sont toujours les endroits les plus humides ou ombragés du jardin. On sait que les limaces et les escargots pondent en moyenne deux fois dans leur vie, qui s’étale sur environ dix-huit mois. Leurs œufs, et c’était là notre pari, ne parviennent pas à éclore dans un milieu désoxydé et assaini (qui lui, par contre, favorise l’éclosion des oeufs des insectes bénéfiques et donc leur multiplication!). Simultanément, on a nettoyé manuellement le terrain de la présence des limaces de l’année précédente, que notre protocole ne visait pas à supprimer physiquement et qui pourraient provisoirement nous poser encore de sérieux problèmes; précaution qui en cours d’expérimentation s’est avérée inutile en vertu d’un phénomène tout à fait inattendu.
En effet, si dès la fin mars nous avons pu constater les premières retombées positives de notre expérience dans nos semis de pleine terre (carottes, pois à écosser), qui, à notre grande satisfaction, ne subissaient manifestement aucune attaque, il nous est également arrivé de constater un phénomène aussi curieux que significatif: les limaces adultes, nées l’année précédente, qui s’insinuaient au beau milieu de ces premiers semis n’y touchaient point! Cet étonnant phénomène a été constaté dès la première vraie période de pluies, à la mi-mai, et par la suite. Aurions-nous rendu leslimaces anorexiques avec nos doses massives d’anti-oxydants?En manière de conclusion: en arrosant pendant quelques mois les jardins avec unesolution d’EM, vous pouvez vous attendre à trois résultats concomitants: rupture du cycle reproductif des limaces et des escargots; jugulation de la voracité des limaces adultes (en attendant leur disparition définitive); dépollution, enrichissement et redynamisation du sol. Soit, d’une pierre trois coups ! N’ayant pas voulu croire trop vite à la réussite de notre expérience, nous n’entendions point nous satisfaire de nos premiers bons résultats. Il nous fallait de sérieux épisodes pluvieux pour conforter nos conclusions prometteuses. La bonne tenue de notre expérimentation pendant les averses et les orages survenus entre avril et fin juin a fini par nous persuader que nous avions gagné notre pari.
Après six mois d’observation, nous pouvons estimer, en cette fin d’été 2022, que notre expérience a validé l’hypothèse de l’état oxydatif du sol comme facteur facilitateur de la présence massive des gastéropodes dans nos jardins et potagers. L’image emblématique de notre expérience est indubitablement celle d’un hosta, la plante dont les limaces raffolent peut-être le plus, que nous avions posée au milieu du terrain comme plante-témoin: elle n’a jamais été attaquée pendant la période d’observation.
Nous n’ignorons pas, et nous tenons à le dire et à le reconnaître sans ambigüité, que les concepts, raisonnements et autres interprétations que nous avons maniés dans la conception de notre hypothèse de travail et de son protocole, ainsi que dans la présentation que nous en faisons ici, ne sont, entre les mains des expérimentateurs amateurs que nous sommes, que des outils empiriques très approximatifs et qui prêtent à discussion: ils valent ce qu’ils valent. Ce sur quoi, par contre, nous tenons à attirer l’attention, c’est sur la corrélation qui s’est manifestée, à la faveur de cette expérience, entre la sursaturation du sol en antioxydants (micro-organismes efficaces) et le résultat que nous poursuivions au moyen de notre protocole : la rupture du cycle reproductif des gastéropodes et leur élimination permanente d’un terrain donné.
PROTOCOLE NATUREL ANTI-LIMACES DE SEMANCE
Traitement en deux temps:
→ Mi-juillet à mi-septembre
→ Fin janvier à fin mars
☛ une fois par semaine, traitement du sol par arrosage avec EMa (ou Microferm, qui en est l’expression commerciale prête à l’emploi). Dilution: à 4% (40 ml par litre d’eau) |
☛ arroser surtout tous les endroits humides et couverts où les limaces pondent leurs oeufs à la fin de l’été et la fin de l’hiver : les bordures des parcelles, barrières en bois etpetits murets de séparation, points d’humidité proches des planches de culture, zonesdallées, etc) |
☛ dans la mesure du possible, éliminer manuellement les limaces de l’année précédente (recouvrir les parcelles de carton pendant l’hiver est une assez bonne manière de les piéger) |
☛ après deux mois, diminuer la concentration du produit à 2% et continuer d’arroser une ou deux fois par mois l’ensemble du terrain. |
Pour plus de détails sur notre protocole de contrôle des limaces et sur l’utilisation des EM, contactez-nous. Une brochure d’initiation aux EM, publiée par notre association, est disponible pour les intéressés.
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